jeudi 2 juillet 2015

Grèce : Le jour où j’ai cessé de croire qu’on pouvait changer l’UE

« Changer d’Europe », construire « L’Europe des Peuples », ce sont quelques-uns de slogans du Front de Gauche et d’autres pour parvenir à concilier un projet de gauche, progressiste, anti-austérité voir anti-capitaliste sur les fondations de l’UE. Depuis 2009 et jusqu’il y’a quelques jours, j’y ai cru. Jacques Généreux, économiste et membre du PG l’avait bien théorisé dans son livre « Nous, on peut ! » dont j’avais fait une fiche de lecture que je vous invite à relire.
Mais, même si la « crise grecque » est sans doute loin d’être terminé, on peut en tirer de premières conclusions. Et la première est sans doute que non, on ne peut pas changer l’UE. 

Une troïka prête à tout pour démontrer qu’il n’y a pas d’alternative.
Le gouvernement Syriza a ainsi tenté de mettre en œuvre un stratégie proche de celle du Front de Gauche pour tenter de changer la politique économique de l’UE : Par une volonté forte, s’appuyant sur une légitimité populaire et en étant prêt à aller jusqu’au bout (menacer de quitter l’UE), on pouvait forcer la main des ultra-libéraux parceque in fine, ils seraient prêt à faire des concessions pour sauver l’UE, indispensable pour leurs intérêts financiers.
Force est de constater que cette stratégie était erronée. Non, les oligarques qui dirigent l’Europe sont prêt à tout, y compris à mettre en danger l’UE et leurs propres intérêts financiers pour démontrer qu’il n’y a pas d’alternative à leur projet d’ultra-libéralisme.
Non seulement les oligarques ne sont prêt à aucune concession « diplomatique » dans le cadre de négociation d’Etat à Etat, mais plus encore, leur mépris de la démocratie a franchi un pas de plus, un pas de trop. Ils s’étaient déjà assis sur les référendums de 2005, ils avaient déjà forcé à la démission un 1er ministre grecque qui voulait déjà organiser un référendum. Ils sont désormais prêt à exclure un pays entier, parce qu’il ne vote pas comme il faut. « Il ne peut y’avoir de démocratie contre les traités européens » a dit Jean-Claude Junker, président de la commission européenne le 30 janvier 2015. On ne saurait être plus clair.
De ce constat amer, quelle leçon devons-nous tirer, pour nous, en France ?
Si un gouvernement anti-austérité, ou plus encore, anti-capitaliste, parvenait au pouvoir en France, serait-il en mesure de ré-orienter l’Europe ? La France a certes plus de « force » diplomatique que la Grèce, si elle voulait l’exercer. Mais serait-elle suffisant ? Au vue de ce qui se passe en Grèce, on peut raisonnablement penser que non.
Tout projet politique d’une gauche anti-austérité ne peut plus se cacher désormais derrière une bien hypothétique « ré-orientation » de l’Europe.  Nous allons devoir désormais réfléchir sérieusement au « Plan B », la sortie sinon de l’UE du moins de la Zone €uros. Ne pas le faire serait être aujourd’hui bien naïf.
Certains diront « je vous l’avais bien dit ». Je croyais pour ma part que l’UE pouvait encore être sauvée, ré-orientée. Dans un cadre démocratique, des idées peuvent s’affronter, et les choses changer. Mais le masque est tombée, l’UE n’est pas un cadre démocratique, elle n’est plus légitime, elle ne peut être changée.
Un programme européen de gauche doit inclure une sortie de l’UE, la création d’une autre union entre les peuples européens, avec notamment une autre monnaie, d’autres banques centrales au service des peuples et non de la finance.

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